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Misja Fitzgerald Michel / Encounter

mamani keita
Né en 1973, Misja Fitzgerald Michel a été élève de la classe de jazz de François Jeanneau au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il a ensuite étudié en 1993 à la New School (New York) auprès de Jim Hall, Billy Harper et Kenny Werner. Il commence à jouer à cette époque avec Ravi Coltrane et avec de nombreux autres musiciens de la jeune scène new- yorkaise, comme Gary Thomas, Chris Potter ou Mark Turner.


Il enregistre un premier disque autoproduit en 1998, « Live at La Villa » avec Scott Colley et Tony Rabeson. Pour son deuxième album également autoproduit, « On the Edge », enregistré à New York, il fait appel au contrebassiste Drew Gress et au batteur Nasheet Waits, ainsi qu'à Ravi Coltrane comme invité. Il choisit le duo avec Drew Gress pour son troisième disque « Expectations », sorti en janvier 2004. En 2003 et 2004, il s'est produit en club, notamment au Sunset, et apparaît dans différents festivals (Montréal, Marciac, JVC Festival à Paris, Jazz à Vienne, Nancy Jazz Pulsations).

La vie est faite de rencontres et de choix. Disque de jazz, sur un label qui n'est pas spécifiquement dédié à cette musique, « Encounter » est précisément le résultat d'une rencontre entre le label No Format ! et Misja FitzGerald Michel, en même temps qu'un choix commun : pas de frontières, mais des convictions. Désir mutuel que la musique proposée soit prise pour ce qu'elle est et non pour sa vertu à respecter les codes.

La culture musicale de Misja FitzGerald Michel déborde le champ du jazz et la filiation musicale avec le guitariste Jim Hall, maître aussi discret qu'unanimement respecté. Elle s'étend aussi bien à Bach et sa Chaconne pour violon seul - d'où sans doute son goût pour les thèmes joués en solo -, qu'à Jimi Hendrix. Guitariste de jazz, il est avant tout un musicien en liberté.

Misja FitzGerald Michel creuse ainsi son sillon avec constance depuis des années et plusieurs disques. Il navigue, sûr de son cap, sachant s'adapter aux éléments. Là, le calme d'une ballade jouée avec une sonorité ferme et claire (Central Park West, de John Coltrane, ou son propre Mirage). Ici, les angles aigus de la Lonely Woman d'Ornette Coleman qu'il nous livre comme une eau-forte toute d'énergie et d'acidité. Ailleurs, l'échappée belle, fendant les vagues du Limbo de Wayne Shorter, dont les compositions marient complexité et naturel, ou affrontant, seul à la barre, la mer démontée du Countdown de John Coltrane. Misja FitzGerald Michel prend des risques comme l'on prend ses responsabilités.
Guitare électrique ou acoustique, guitare à douze cordes, mais aussi format allant du solo au quartette, en passant par le trio, les choix respirent la maturité et l'énergie, l'écoute et l'entente. Devenu l'un des meilleurs contrebassistes de la scène actuelle du jazz, Drew Gress apporte solidité, densité et intensité. En entendant l'interaction avec le guitariste, qui devinerait que le batteur Jochen Rueckert, certes déjà rodé aux côtés de Drew Gress, rencontrait pour la première fois Misja FitzGerald Michel ? Quant à leur invité, Ravi Coltrane, il s'intègre avec une ferme élégance, apportant une dimension nouvelle à la cohérence du trio sur les deux morceaux où il est invité.

Se chercher, se trouver. Que l'on soit seul ou plusieurs, c'est toujours ce dont il s'agit avec l'improvisation.