NOF.#60

Natascha Rogers / Onaida

mamani keita
Avec Onaida, Natascha Rogers ose l'intime et dévoile un disque en clair- obscur hautement spirituel, érigeant l'épure au rang d'art du soin et de la réconciliation. Une ronde folk libératrice.
Née aux Pays-Bas d'une mère hollandaise et d'un pater-mystère aux origines amérindiennes, la jeune Natascha Rogers couve ses quatre frères, déménage souvent et s'arrime au piano, un monde en soi, un ancrage, un repère, lorsque l'horizon tangue trop. Breda, Belgique, Californie puis Bordeaux... Ce qui ne change pas, c'est ce piano droit sur lequel, une gamme après l'autre, Natascha Rogers développe ses dons de mélodiste en répiquant les Children's Songs de Chick Corea ou le répertoire océanique de Yann Tiersen.

Jusqu'au jour où, Natascha Rogers découvre, comme une énigme à décrypter, une paire de congas déposée par son père en coup de vent, en secret, sur le perron de la maison. Sensible à l'appel ancestral des tambours, elle parcourt alors l'Atlantique Noire pendant plusieurs années pour recevoir l'enseignement des plus grands maîtres percussionnistes mandingues et afro-cubains. Dès lors, Natascha Rogers s'épanouit dans une pratique humble, collective et thérapeutique de la musique, décuplant son savoir-faire rythmique au gré des grooves et des chemins. Mais comment trouver le sien ? En faisant le vide, en habitant les ombres, à l'écoute de ce qui bruisse en souterrain. D'instinct, Natascha Rogers le sait : puissance et vulnérabilité vont de pair, elles requièrent le courage d'être soi et de s'autoriser à le montrer.

Une mue, une mise à nue : avec Onaida, c'est donc le pari de Natascha Rogers qui renoue pour cela avec son premier instrument. D'ostinatos en incantations, Onaida dévoile un territoire poétique très personnel peuplé de rivières pianistiques et de chants de la Terre soutenus par les pulsations rituelles des tambours batá. En anglais, en espagnol ou en yoruba, Natascha Rogers déploie sur le dos de ses claviers autant de ballades intimes que de prières universelles, tour à tour inspirées par le serpent mythique qui la visite en rêve, la poétesse amérindienne Joy Harjo, les femmes sauvages de la conteuse américaine Clarissa Pinkola Estes et les esprits de la santería cubaine.

Ronde folk libératrice, Onaida se reçoit comme un geste de soin, d'amour et de paix à destination du Vivant ("See", "Land", "Aniafa", "The Wound"), des femmes ("Sacred Night", "Run", "Move Echeke"), des défunt.e.s ("Ashes"), du divin ("O Baba", "The West" avec Piers Faccini) et de la musique elle-même ("Tambor", "Sanza"). Enregistré à Pommerit-le-Vicomte dans un cadre exceptionnel avec l'ingénieur du son Joachim Olaya et tout le temps du monde, Onaida incarne donc une véritable expérience initiatique, une seconde naissance pour Natascha Rogers qui trouve, avec cet opus singulier, équilibre et justesse.
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14 JAN.Théâtre 71Malakoff - FR
07 FEV.Théâtre de CoutancesCoutances - FR
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